Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/436

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de donner héroïquement sa vie pour sauver l’honneur de sa fille.

C’était bien cela, en effet, mais c’était plus encore, et le docteur passa par mille émotions diverses en prenant connaissance de cette lettre, le premier des papiers qu’il avait extrait de l’enveloppe :

« Mon cher Guerrard, voici mes suprêmes volontés. Je vous supplie de les respecter pour le bonheur de Claude, que vous avez juré de défendre.

« Je ne veux pas lui laisser directement la fortune que je possède, car si son mari la savait aussi riche, il userait de tous les moyens pour la ramener à lui. Il simulerait un repentir dont il est incapable et une affection mensongère. Ma fille, par bonté, faiblesse ou lassitude, céderait peut-être un jour, et M. de Blangy-Portal la ruinerait, puis la martyriserait ensuite. Il ne faut pas que cela arrive jamais.

« Il vaut mieux que ! e duc, convaincu que sa femme n’a plus rien à attendre dans l’avenir, se conduise de façon à ce que ma pauvre enfant puisse obtenir un jour sa séparation de corps. Lorsque cela sera fait, vous pourrez lui remettre sans danger l’héritage que je vous confie.

« Les évènements se sont précipités si rapidement que je n’ai pas eu le temps de vendre mon hôtel, ni quelques-unes de mes propriétés, mais j’ai transformé à peu près tout ce que j’avais en titres au porteur et en argent liquide. Voici les reçus de ces titres et de ces sommes, déposés à votre nom dans divers établissements de crédit.

« Vous ferez bien de déplacer tout cela pour le mettre à l’abri à votre guise.