Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/448

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cepteur que Mme la duchesse étant souffrante, ils ne devaient pas l’attendre pour dîner.

Gontran accueillit cette nouvelle avec un haussement d’épaules fort irrespectueux, que l’abbé ne voulut pas voir, afin de n’être point forcé de le réprimander, ce qu’il n’osait faire d’ailleurs quand il s’agissait de quoi que ce fût ayant trait à Mme de Blangy-Portal. Sachant comme tout le monde le désaccord qui existait entre les deux époux, il craignait que le duc ne trouvât mauvais qu’il prît, même indirectement, la défense de celle qui avait l’audace de se révolter contre son despotisme.

Le digne prêtre baissa donc les yeux en marmottant le Benedicite, et il s’assit en face de son élève, dans cette pièce où n’entrait plus aucun invité.

Car Robert, depuis longtemps déjà, ne dînait que fort rarement rue de Lille. Il était tout à la Morton et ne sortait guère du club que pour aller chez elle. Guerrard y venait de temps en temps prendre le thé, dans le but de ne pas laisser supposer à son ami, par son refus de voir sa maîtresse, qu’il était un censeur sévère de sa conduite.

Léa avait fait de son hôtel de la rue de Prony une sorte de salon international, où l’on rencontrait les plus brillants de ces étrangers qui prennent Paris, non pour le foyer de l’intelligence et la ville-lumière du poète, mais comme le cabaret de l’Europe, selon l’expression pittoresque de la princesse de Metternich.

L’un des plus fidèles de cette cour de Léa était le baron Herbert de Groffen, un superbe Prussien d’une trentaine d’années, sportsman infatigable, grand