Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/449

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chasseur, gai compagnon, l’un de ces hommes enfin qui semblent n’être venus au monde que pour jouir de la vie.

Malgré sa fatuité, qui ne lui permettait pas d’admettre que quelqu’un lui fut préféré, le duc en était un peu jaloux, et parfois il ne parvenait pas à dissimuler tout à fait son inquiétude, surtout lorsque la Morton et le baron s’exprimaient en allemand, que la jeune femme parlait aussi correctement que l’anglais, sa langue maternelle, disait-elle.

La vérité, c’est que cette dangereuse créature, qui se donnait comme Américaine, semblait plutôt appartenir, en raison de sa beauté blonde, à la race germanique mais personne ne savait en réalité d’où elle venait.

Elle était jolie, élégante, gaspilleuse d’argent, intelligente et recevait à merveille.

Chez nous, on n’en demande pas plus aux étrangers, jusqu’au jour où on s’aperçoit qu’on a été tout bonnement leur dupe.

Mais si Robert était un peu sur l’œil à propos du beau Berlinois, il n’en puisait pas moins, à l’occasion, dans la bourse fort bien garnie qu’il lui ouvrait généreusement et ils vivaient tous deux sur un pied de véritable intimité, faisant, entre autres parties, d’interminables promenades dans les environs de Paris, toujours en compagnie de Léa, qui était une amazone intrépide.

Le but de leurs excursions n’était jamais le même.

Tantôt ils galopaient du côté de Versailles, pour visiter Sèvres, Viroflay, Chaville, parcourir les bois de Meudon et de Verrières, et revenir par Roquencourt, où le duc avait des amis parmi les officiers de cavalerie,