Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/455

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duchesse, et quand le vieux serviteur lui eut répondu qu’elle s’était trouvée si malade au moment du dîner qu’elle n’y avait pas pris part, il se rendit rapidement au premier étage, bien qu’il fût minuit passé. Mais Suzanne lui dit, en l’arrêtant au moment où il se dirigeait vers la chambre de sa femme :

— Après avoir couché elle-même sa petite fille, Madame s’est mise au lit moins souffrante ; elle n’avait qu’une forte migraine. Cependant, comme Madame vient seulement de s’endormir, peut-être serait-il préférable que Monsieur le duc…

— Oui, vous avez raison, interrompit Robert ; mais n’oubliez pas de dire demain matin à votre maîtresse que je suis monté ce soir m’informer de son état.

M. de Blangy-Portal était bien tenté de prolonger son entretien avec la jeune domestique, pour savoir si, après la scène qu’il lui avait faite, la duchesse ne s’était pas trahie par ses larmes ou quelqu’une de ces demi-confidences auxquelles la douleur pousse les femmes les plus réservées ; mais l’orgueil lui imposa silence, et il descendit lentement l’escalier, pour retourner dans son appartement particulier, au rez-de-chaussée, là où jadis, à l’époque de ses embarras financiers, il avait de si fréquents entretiens avec Isaïe Blumer.

Germain avait suivi son maître et, son service fait, il allait se retirer, quand Robert lui dit :

— Demain matin, à la première heure, vous irez prier M. Guerrard, de ma part, de venir à l’hôtel le plus tôt possible, avant son déjeuner. Je l’attendrai.

— L’ordre de Monsieur le duc sera exécuté, fit le valet de chambre en s’inclinant.