Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/494

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bien qu’en son âme loyale, il éprouvât quelque remords de ce qui venait de se passer entre Mme de Blangy-Portal et lui, le premier soin du docteur, en arrivant à Paris, n’en fut pas moins de rejoindre le duc. Il tenait à lui rendre compte, en partie du moins, de son voyage à Verneuil.

Après l’avoir demandé vainement rue de Lille et au Cercle impérial, il finit par le trouver là où il aurait dû aller le chercher tout de suite, chez Léa Morton.

Celle-ci, qui savait sans doute d’où venait Guerrard, lui permit d’emmener son amant sur le balcon, pour qu’il pût l’entretenir en liberté de sa femme et de sa fille, et Paul ayant dit là à son ami tout ce qu’il avait à lui dire, allait rentrer dans le salon lorsqu’il aperçut, débouchant du boulevard de Courcelles, un garde national tout flambant neuf, dans lequel il reconnut immédiatement Charles Durest.

Alors il appela Léa ; elle accourut et il lui dit, en montrant l’ex-secrétaire du baron de Groffen, qui se dirigeait vers l’hôtel, au pas militaire :

— Sapristi ! votre protégé n’a pas perdu un instant pour s’enrégimenter. C’est bien, cela !

— Mon cher, riposta la Morton, si M. Schumann avait hésité à faire son double devoir de Français et d’Alsacien, il n’aurait pas couché une nuit de plus ici. Mais je n’ai pas eu besoin de l’y pousser. Le brave garçon ne rêve que de venger son village envahi et sa famille probablement ruinée et dispersée ! Quant à moi, si je n’étais pas souffrante en ce moment, j’aurais déjà sollicité un poste dans une ambulance. J’espère que je pourrai bientôt le faire.

M. de Blangy-Portal était tout fier de ce noble lan-