Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/493

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remis pour vous. C’est une partie de l’argent liquide de la succession de votre mère.

I ! lui tendait la liasse de billets de banque que Mme  de Blangy-Portal reçut en disant :

— Pauvre mère ! Ah ! vous pensez à tout. Et vous, pendant que je serai ici ou plus loin ?

— Moi, je vais rentrer à Paris pour y remplir mes devoirs professionnels dans quelque bataillon ou dans quelque ambulance. C’est notre façon de nous battre, à nous, médecins ! Nos victoires, c’est de soulager ou de guérir.

La jeune femme s’était affaissée sur un siège et pleurait.

— Claude ! supplia le docteur en s’agenouillant devant elle, ne m’enlevez pas par le spectacle de votre douleur tout le courage dont j’ai besoin pour me séparer de vous !

— Oui ! oui ! vous avez raison ! Allez où l’honneur vous le commande, mais rappelez-vous que s’il vous arrivait malheur, je mourrai.

Et saisissant dans ses mains la tête de Paul elle la plaça contre son cœur en murmurant :

— Écoutez-le, il ne bat plus que pour vous !

Guerrard se releva, prit la jeune femme entre ses bras, scella d’un baiser fiévreux sur ses lèvres le serment de lui consacrer sa vie et, fou de bonheur, ne pensant plus qu’à se rendre digne de l’amour dont il était l’objet, il s’enfuit !

Au moment où il reprenait le train de Mantes, la duchesse, qui s’était enfermée dans son appartement, priait encore pour lui, comme elle allait le faire pendant de longs mois.