Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/498

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« On nous taxait d’exagération et même de calomnie quand nous parlions de l’espionnage organisé en France par la Prusse, bien longtemps avant la guerre. Une nouvelle preuve nous en est donnée.

« On se souvient de ce joyeux et brillant baron de Groffen, qui était de toutes les fêtes, de nos grands clubs, que nos officiers recevaient à leur table, escortaient dans ses excursions autour de Paris, que les meilleurs de nos gentilshommes traitaient en ami. L’un d’eux surtout, que nous avons la générosité de ne pas nommer, en avait fait son intime.

« Eh bien ! ce baron de Groffen, ce viveur, cet homme léger, insouciant, qui valsait si bien chez Léa Morton et chez d’autres reines du monde galant ce noble étranger vient d’être reconnu à Chartres sous l’uniforme d’aide de camp du duc Guillaume de Mecklembourg. Le jour où son chef sera chargé d’une reconnaissance dans les environs de Paris, le capitaine de Groffen pourra lui servir de guide il les connaît mieux que la plupart d’entre nous.

« Voilà où nous a menés notre confiance aveugle ! Pourvu que la leçon nous profite ! »

— Ah ! malheureux Robert pensa généreusement le docteur une fois sa lecture terminée. Ce baron de Groffen, un espion ! Et ils vivaient ensemble. C’est le duc qui nous l’a présenté à tous. Que va-t-il devenir quand on lui jettera ce nom au visage. Mais Léa Morton, c’est par elle que M. de Blangy-Portal a connu cet Allemand ! Elle ne pouvait ignorer ce qu’il était en réalité ! Et dire que chacun de nous aurait répondu de cet homme ! Et ce Schumann, ou plutôt ce Durest, son