peine à la partie folle qu’il avait engagée avec quelques joueurs incorrigibles, qui, comme lui, tout en faisant bravement leur devoir de soldats, n’en retournaient pas moins à leurs passions et à leurs plaisirs, dès qu’ils avaient un instant de liberté.
— Qu’as-tu donc ? demanda Robert à Guerrard quand il fut seul avec lui dans le salon d’attente de l’entresol. Tu as la physionomie absolument bouleversée.
— Tiens, lis ceci, répondit Paul en lui donnant le journal qu’il tenait à la main. Là, aux dépêches de province.
M. de Blangy-Portal lut l’article que son ami lui indiquait, et quand il eut fini, il s’écria, pâle, atterré :
— Quelle horrible aventure ! Je n’ai plus qu’à me brûler la cervelle ! J’ai été, moi ! le complice inconscient, mais enfin le complice d’un espion ! Ah ! ce Groffen !
— Eh ! mon cher, ces gens-là comprennent le patriotisme à leur façon. Ce n’est pas tant à eux qu’à nous-mêmes qu’on doit s’en prendre de ce qui arrive, non pas seulement dans nos murs, mais sans doute en province aussi, dans toute la France. Quant à te brûler la cervelle, ça ne remédiera à rien ! D’abord ce n’est pas tout.
— Quoi donc encore ?
— Mme Morton va quitter Paris.
— Léa veut partir ?
— Elle avait probablement lu avant moi ce joli entrefilet où son nom est prononcé à côté de celui du baron de Groffen, elle a eu peur et j’ai failli la rencontrer tout à l’heure à la légation américaine, où elle