Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/517

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tait pas même le titre de duchesse, si chèrement payé, à celle qui avait tant souffert mais pouvait compter sur un long avenir de bonheur.

Et comme si tout dût concourir à ce que Claude fût désormais complètement heureuse, un jeune homme en grand deuil, qui s’était dissimulé dans un coin du temple pour prier pendant la cérémonie, s’approcha d’elle au moment où elle allait sortir de l’église au bras de son mari, et lui dit d’une voix profondément émue !

— Madame, pour l’honneur des de Blangy-Portal et par amour pour ma petite sœur Thérèse, voulez-vous me pardonner ?

C’était Gontran, que sa tante avait mis au courant de tout et que l’abbé Monnier accompagnait.

L’adorable jeune femme ouvrit les bras à son beau-fils qui s’y jeta en pleurant, pendant que le docteur murmurait :

— Allons ! à l’exemple du père, le fils sait aussi réparer ses fautes. Je suis le seul maintenant à ne pas avoir encore payé sa dette. Je ne vivrai jamais assez longtemps pour l’acquitter tout à fait !

Mme  Guerrard devina sans doute ce qui se passait dans l’âme de son mari, car elle reprit son bras en souriant.

Quant à la comtesse de Lancrey, elle ne prononça, de loin, sur la tombe de son neveu qu’une courte oraison funèbre, où sa rancune se trahissait, tenace, comme le sont tous les sentiments chez les vieilles gens.

Parodiant le mot de Louis XIV à l’adresse de Marie-Thérèse : « Sa mort est le seul chagrin qu’elle m’ait