Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/69

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vos conseils. Vous devez prévoir depuis longtemps ce qui arrive aujourd’hui. Je parie que vous avez dans quelque coin de votre portefeuille une liste de fiancées.

— Vous avez deviné. Seulement, permettez-moi de vous dire tout d’abord que, moi, je ne vous demanderai rien sur la dot de la jeune personne que vous épouserez par mon intermédiaire.

— Rien Mais vous gâtez le métier ! Si la baronne de Travène le savait, elle ne vous pardonnerait jamais ! Rien ?

— Rien que le remboursement des sommes que j’ai eu l’honneur de vous avancer.

— C’est trop naturel. Voyons le défilé !

Le gentilhomme ruiné avait souligné ces mots d’un sourire qui disait assez sur quel bonheur conjugal pouvait compter la future duchesse de Blangy-Portal. Fait aux façons cavalières de son noble client, Blumer sortit tranquillement de la poche intérieure de son vêtement un carnet dont les notes auraient été bien curieuses à parcourir. Il l’ouvrit et lut :

— Primo : deux millions de fortune ; une orpheline, jolie, vingt ans, sans parents. Administrateur judiciaire : un notaire de Paris.

— Pauvre petite sans famille ! Et elle serait ravie de s’en faire une. C’est maigre, deux millions !

— En effet, et d’autant plus, car vous comprenez que j’ai pris mes renseignements, que l’origine de ces deux millions est quelque peu louche. Cependant, sans famille !

— Oui, c’est à considérer nous y reviendrons peut-être. Continuez.