Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/82

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avec désespoir que l’heure du départ allait sonner lorsqu’il aperçut enfin le vieux médecin.

Il courut à sa rencontre.

— J’ai nos billets, monsieur, lui dit-il. Venez, je crois que le train va partir.

— Nous ne le manquerons pas, répondit avec un sourire bienveillant M. Guerrard, l’horloge du dehors avance toujours de cinq minutes sur celle de l’intérieur.

Et, suivant son guide, il gravit lestement l’escalier qui conduit aux salles d’attente, d’où ils passèrent sur le quai, pour monter dans le coupé dont l’ami de Mme  Frémerol s’était assuré la propriété exclusive.

Peu d’instants après le train s’ébranla.

— Vous permettez ? fit aussitôt le docteur à son compagnon, en s’installant dans un coin.

Et il se mit à parcourir l’une des nombreuses brochures qu’il avait tirées des vastes poches de son pardessus.

Alexandre Guerrard était un de ces hommes qui travaillent toujours et partout. Ses occupations étaient d’ailleurs si nombreuses et ses moments si rigoureusement comptés qu’il ne pouvait guère lire qu’en voiture, en visitant ses malades.

Adolphe Berquelier qui, sans doute, aurait préféré causer un peu, put donc examiner à son aise celui qu’on attendait à Verneuil avec tant d’impatience.

L’illustre praticien venait de dépasser la soixantaine, mais si ses cheveux blancs et les rides qui sillonnaient son front élevé et intelligent trahissaient cet âge, la fraîcheur de son teint, la limpidité de son regard, la vivacité de ses mouvements, tout cela était jeune