Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/10

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à son aide quelques-uns de ces savants prêts à tout sacrifier à un système, ne voyant rien en dehors de leur école, incapables, par orgueil, de revenir sur une erreur. Plutôt que de changer un iota aux conclusions de leurs rapports, ils laisseraient condamner dix innocents ; plutôt que de reconnaître qu’ils se sont trompés, ils inventeraient les phénomènes chimiques et physiologiques les plus opposés à toutes les lois naturelles connues. »

Et William racontait volontiers, à propos de ce point spécial, l’épouvantable erreur judiciaire dont avait été victime une jeune femme de Douai, quelques années auparavant.

Poursuivie, arrêtée et incarcérée sous la prévention d’infanticide, mise au secret, pressée, torturée pendant deux mois par son juge d’instruction, menacée de la prolongation indéfinie de son emprisonnement préventif si elle n’avouait pas, cette malheureuse finit par se reconnaître coupable. Traduite en cour d’assises, elle fut condamnée à cinq ans de prison, et, moins de trois mois après sa condamnation, elle accouchait à terme à la maison centrale de Melun. De sorte qu’en s’en rapportant aux dates fixées par l’instruction même, cette pauvre fille était enceinte de quatre mois au moment précis où on prétendait qu’elle avait mis au monde et tué son enfant.

Mais cette démonstration matérielle de l’innocence ou, mieux encore, de l’impossibilité de la