Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/9

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malveillant, le trouble, lui tend tous les pièges, guette ses moindres paroles pour les dicter à son greffier, en donnant à ces paroles l’interprétation qui lui convient ; aux prises, dis-je, avec cet inquisiteur impitoyable, le prévenu perd souvent la tête, et la confusion de ses réponses, les rétractations qu’il tente, les explications nouvelles qu’il donne, tout est mis à sa charge. S’il se défend avec trop d’énergie, c’est qu’il comprend quel danger il court, qu’il s’était préparé à la lutte, qu’il veut égarer la justice. Donc il est coupable. Son indignation n’est qu’une comédie et doit éloigner de lui toute pitié. Si, au contraire, il balbutie, courbe le front, rougit ou pâlit, ne trouve rien à dire, c’est qu’il comprend combien il lui serait impossible de repousser les faits relevés contre lui. Sa culpabilité est donc évidente. S’il rit, c’est de cynisme ; s’il pleure, c’est d’épouvante. »

Lorsqu’on le mettait sur ce terrain, Witson ne tarissait pas, son calme ordinaire l’abandonnait, le sang lui montait au visage ; il était visible qu’il ne comprimait qu’avec peine les sentiments violents qui l’agitaient. Il était surtout d’une sévérité excessive, presque brutale pour les médecins légistes, ces auxiliaires indispensables, mais si dangereux, de la justice.

« Ce qu’il y a de terrible, poursuivait-il à ce sujet, c’est quand l’instruction criminelle a appelé