Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/100

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que Rhéa conduisait elle-même ; et l’écurie, qui, jadis, ne s’était jamais composée que de deux bêtes d’attelage et d’un cheval de selle, s’était augmentée de deux demi-poneys pour la voiture de Mme  Deblain, et d’une superbe jument anglaise qu’elle montait presque tous les matins pour courir les environs, soit avec son mari, soit avec celles de ses amies auxquelles elle avait fait prendre l’habitude de ces promenades équestres ; soit même seule, suivie à distance réglementaire par un groom, correctement vêtu. Tout cela au grand scandale des bourgeoises, qui, ne pouvant en faire autant, affirmaient que ces distractions étaient du plus mauvais goût.

Puis la jeune femme mit à la mode le crocket, les lawn-tennis, les rallye-papers dans la superbe forêt qui s’étendait autour de la Malle, cette maison de campagne que son mari possédait à trois lieues de Vermel. Elle eut son five o’clock et beaucoup l’imitèrent. Elle organisa des kermesses, des fêtes de charité, des représentations théâtrales, des tableaux vivants, et alors la société de la ville se divisa définitivement en deux camps bien tranchés. Dans l’un, on adorait la belle Américaine, l’âme des fêtes et des plaisirs ; dans l’autre, on la haïssait, on la traitait tout simplement de dévergondée et son mari d’imbécile.

Cependant Plemen la défendait toujours et partout, affirmant, ce qui était exact, qu’avec toutes