Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/135

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notre ami. Erik est à la tête du parti républicain conservateur, son élection est assurée, nous y travaillons depuis près de deux ans. Après avoir été son agent électoral le plus actif, je ne puis entrer en lutte avec lui. Sans compter notre vieille liaison qui me défend de tenter de lui couper l’herbe sous le pied ; et sans compter aussi qu’en nous mettant tous les deux sur les rangs, nous diviserions les voix de nos électeurs et ferions la partie superbe à son adversaire.

— Si le docteur se retirait ? dit Rhéa.

Deblain demeura un instant stupéfait.

— Oui, s’il te laissait le champ libre, renonçait à devenir député et se faisait à son tour ton agent électoral ? continua-t-elle. Est-ce que tu t’imagines qu’à nous deux, Plemen et moi, nous n’enlèverions pas ton élection ? Oh ! je sais comment cela se fait ! À Philadelphie, j’ai souvent assisté à ces luttes-là. Rien ne m’amuserait tant que d’y prendre part pour mon propre compte, ou plutôt pour le tien.

— Oui, sans doute, se décida à répondre le manufacturier, que cet enthousiasme politique de sa femme amusait, en même temps que sa vanité s’éveillait ; oui, sans doute, je crois que nous pourrions réussir ; mais pourquoi cette pensée de faire de moi un homme politique te prend-elle tout à coup ?

— Par orgueil d’abord, parce que tu es plus