Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/170

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brassait des enfants sales et déguenillés, serrait des mains caleuses, s’égarait parfois jusque chez des repris de justice — il y en avait beaucoup à Vermel — qu’elle prenait pour des électeurs et qui lui débitaient des grivoiseries cyniques, entraînée enfin par la fièvre électorale et l’ambition qui la dévoraient.

L’Américaine voyait bien que les chances de Raymond n’augmentaient pas. Elle en était fort aigrie et s’en prenait à lui, surtout lorsqu’elle entendait dire, après l’une des réunions où Plemen avait défendu la candidature de son ami : « Quel admirable orateur, quel représentant Vermel aurait eu là ! Six mois après son entrée à la Chambre, il serait devenu ministre. »

Plus qu’elle ne l’avait encore fait, elle comprenait alors la différence qui existait entre ces deux hommes, et comme elle ne pouvait s’empêcher de manifester sa reconnaissance à Erik, celui-ci lui répondait :

— Si nous échouons, vous n’aurez pas le droit de vous en prendre à moi mais, pour satisfaire à votre désir, j’aurai sacrifié inutilement mon avenir politique, puisque vous serez condamnée à rester à Vermel, où on ne me pardonnera pas, je le crains, l’abandon de ma candidature.

Cependant Mme  Deblain ne se décourageait pas et, pour être soir et matin sur la brèche, elle ne retournait pas coucher à la Malle, où était tou-