— Ayez du courage, madame.
Elle se redressa brusquement.
— C’était la religieuse, entrée sans qu’elle eût entendu ouvrir la porte.
Sœur Sainte-Anne était une femme d’une cinquantaine d’années, sur les traits émaciés de laquelle il était aisé de lire toute une existence de sacrifices et de bonté.
— Vous ? s’écria la prisonnière. Oh ! merci ! merci ! J’ai peur !
— Ne vous laissez pas abattre, reprit avec bienveillance la sainte fille. Vous devez être brisée de fatigue. Couchez-vous. Oh ! vous le pouvez sans crainte, c’est moi-même qui ai tout préparé ici, et je ne vous laisserai manquer de rien. Dieu ne veut pas que ses créatures s’abandonnent jamais au désespoir ! Priez-le et vous serez consolée.
Sans mot dire, Mme Deblain fixait son interlocutrice de ses grands yeux pleins de larmes.
— Voulez-vous que nous priions ensemble ? demanda sœur Sainte-Anne.
— Je suis protestante, murmura la jeune femme.
— Il ne m’appartient pas de juger votre foi. Notre Dieu n’est-il pas le même, plein de miséricorde, écoutant toujours celui qui l’implore ? Prions !
La religieuse prit la main de Rhéa ; elles s’agenouillèrent toutes deux.