encore que la torture, qui livre un malheureux, innocent peut-être, à l’isolement, au désespoir, à la folie ! Quand il s’agit d’une femme, comment qualifier cette mesure ?
Witson était là sur son terrain. Nous savons quelle était son indignation à l’égard du pouvoir sans limite et sans contrôle que le Code donne aux juges d’instruction, magistrats souvent trop jeunes, sans expérience, infatués de leur puissance, ne voyant tout d’abord que des criminels dans ceux qu’ils sont chargés de poursuivre, craignant toujours que l’acquittement d’un prévenu ne soit une mauvaise note pour eux, tandis qu’une condamnation, qui prouve leur habileté, peut les faire inscrire sur le tableau d’avancement ou les désigner pour la croix.
— Hélas ! vous avez peut-être raison, fit l’honorable conseiller ; mais les choses sont ainsi, et jusqu’à ce que le Code d’instruction criminelle ait été l’objet d’une réforme, non pas radicale mais sage et humaine, il n’y aura rien à faire.
— Si je trouve M. Babou aussi sévère, reprit l’Américain, je pourrai toujours m’adresser à ses supérieurs hiérarchiques : au procureur général et au premier président.
— Dans ce cas spécial, ainsi d’ailleurs que dans tout ce qui concerne la marche de l’instruction, le juge qui en est chargé n’a d’ordres à recevoir de personne, pas même du garde des sceaux.