traits communs, les lèvres pincées, le nez fort, les yeux aux regards durs, d’un aspect complètement antipathique. L’étranger vit tout cela d’un seul coup d’œil.
M. Babou tournait dans ses gros doigts la carte par laquelle l’Américain s’était fait précéder.
— Monsieur Witson ? demanda-t-il, avec un accent de terroir, chantant et traînard, comme celui de certains paysans.
— Oui, monsieur, répondit William.
— Que me voulez-vous ?
— Je désirerais vous le dire en particulier, fit-il, en désignant du regard un famélique personnage assis devant une table, en face du juge d’instruction, et qui le regardait en dessous, d’un œil curieux, en rongeant sa plume.
C’était le greffier de M. Babou.
Le magistrat hésita quelques secondes, pendant lesquelles il inspecta son visiteur, pour ainsi dire, des pieds à la tête puis, rassuré sans doute par cet examen, il lit un signe et le greffier sortit, enchanté de prendre un peu de liberté.
— Pardonnez-moi mon indiscrétion, monsieur, dit aussitôt Witson, mais j’ai à vous adresser une requête d’une telle nature que vous l’accueillerez peut-être plus favorablement si elle est confidentielle.
— Une requête ? dit M. Babou en se rejetant en arrière, dans son fauteuil, avec le mouvement