Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/280

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longtemps espéré que son neveu deviendrait son gendre ou, tout au moins, resterait, pour ses filles, un oncle à héritage.

Cette triste parente s’était toujours si peu gênée pour exprimer ses sentiments que la ville entière connaissait la haine qu’elle avait vouée à sa nièce, et William, procédant par analyse et déduction, fut bientôt persuadé que cette mère de deux filles sans dot était sinon l’auteur, du moins l’instigatrice de l’infâme dénonciation anonyme qui avait été adressée au procureur de la République.

Ce que l’Américain s’expliquait moins aisément, c’était la façon dont l’idée d’accuser Rhéa d’empoisonnement avait pu naître dans l’esprit de Mme Dusortois.

Cette misérable femme avait-elle lancé cela au hasard, dans le seul but de calomnier, par vengeance, Mme Deblain, sans espérer que la justice ajouterait foi à cette calomnie, ou, puisque l’examen médico-légal avait constaté la mort violente de M. Deblain, sa tante avait-elle eu réellement connaissance de cet acte criminel avant même que personne l’eût soupçonné ?

Mais pourquoi cette pensée était-elle venue à Mme Dusortois, qui fréquentait peu l’hôtel Deblain et n’y avait fait qu’une courte apparition, quelques jours avant la mort de son neveu, tandis que nul des serviteurs ni des intimes de celui-ci n’avait jamais eu de semblables soupçons ?