Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/331

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l’avaient, accompagnée lorsqu’elle était allée s’asseoir, au banc des témoins, auprès de celui dont on la disait la maîtresse.

Qu’arriva-t-il ? C’est qu’au moment où les jurés, en se retirant dans leur salle des délibérations, entraient dans le couloir grillé qui longe l’estrade de la cour, un des publicistes, un des moralistes et des auteurs dramatiques les plus célèbres de notre époque, qui était adossé contre cette séparation, se retourna et, voyant passer ces honnêtes gens, ces pères de famille qui allaient décider de la vie ou de la mort de l’accusé, il dit à haute voix :

— Si on fait tomber la tête de cet homme, sa veuve épousera son amant ; ce sera tout simplement monstrueux !

Et Moyaux obtint le triste bénéfice des circonstances atténuantes. Il ne fallait pas que sa femme put se remarier !

Qui sait si, dans d’autres cas, les impressions de la foule n’ont pas envoyé à l’échafaud quelque misérable que le jury, laissé aux seules appréciations de sa conscience, aurait pris en pitié ?

Voilà ce qui résulte, plus souvent qu’on ne le suppose, du contact trop immédiat de ces privilégiés, de ces spectateurs des premières, avec ceux qui tiennent entre leurs mains l’honneur et la vie des accusés.

C’était devant un auditoire ainsi composé, trié