Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/357

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elle baissait la tête. Il était visible que mille sentiments divers l’agitaient.

Mais l’auditoire, qui attendait avec impatience ce point scandaleux des débats, ayant fait entendre un murmure désapprobateur, car le silence de la prévenue semblait un aveu, la jeune femme se redressa, et, suivant sans doute le conseil que venait de lui donner Me Langerol, elle répondit :

— Ce n’est pas à moi que ces lettres ont été adressées. C’est un dépôt qui m’a été confié.

— Messieurs les jurés, observa le président, ne pourront peut-être admettre cette explication que si vous faites connaître le nom de la personne qui vous a remis ces lettres.

— Je ne puis ni ne dois prononcer ce nom !

— Prenez garde ! votre refus pourrait être interprété d’une façon dangereuse pour vous.

— Il arrivera de moi ce qu’il plaira à Dieu ; je ne trahirai pas un secret qui n’est pas le mien !

L’Américaine avait retrouvé toute son énergie pour jeter ces derniers mots, et, comme si elle eût prévu l’accueil qui devait leur être fait par la foule, les mouvements qui se manifestèrent aussitôt ne la troublèrent pas.

Les uns approuvaient hautement la conduite de l’étrangère : elle donnait là une nouvelle preuve de son honnêteté et de son mépris pour l’accusation dont elle était l’objet. Selon les autres, elle se perdait ; sa culpabilité était évidente.