Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/368

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« Il faut donc repousser cette première hypothèse d’un empoisonnement lent, parce que tout la rend inadmissible : la science aussi bien que le plus simple bon sens.

« Reste l’absorption brutale d’une dose foudroyante d’arséniate de cuivre. C’est la, évidemment, selon l’accusation, le moyen employé par l’assassin. Vous ignorez peut-être, messieurs, ce qu’est l’arséniate de cuivre, dont quelques grammes doivent se trouver là, sur cette table, parmi ces pièces à conviction que M. le président des assises a bien voulu faire recouvrir d’un voile, par un sentiment d’humanité qui l’honore. L’arséniate de cuivre, composé d’acide arsénieux et de cuivre, est, sous la forme d’une poudre extrêmement fine, un sel de couleur verte fréquemment employé dans l’industrie. Les peintres s’en servent pour obtenir le vert Mitis et le vert Véronese, de même qu’on se sert de l’arséniate de cuivre pur, c’est-à-dire non cristallisé et ne renfermant pas d’acide acétique, pour obtenir le vert de Scheele, poison plus terrible encore, puisqu’il suffit qu’une chambre soit tendue d’un papier peint avec cette couleur pour occasionner les accidents les plus graves.

« Cet arséniate de cuivre est un poison violent, c’est incontestable, mais M. Deblain a-t-il succombé à son ingestion ? Ce ne serait point impossible. Toutefois il aurait fallu d’abord pour cela que le