Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/386

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comme une sorte d’aveu et je me pris à haïr, moi qui l’avais aimé ainsi qu’un frère, celui qui nous séparait. Ah ! je n’essayerai pas de vous peindre les horribles tortures que je dus à cette passion fatale. Rhéa me demanda de sacrifier son mari mon ambition politique. Je n’hésitai pas : je croyais l’acheter à ce prix. Mais elle n’était pas femme à se vendre et, chaque jour, bien qu’elle restât avec moi affectueuse, coquette, troublante, je craignais davantage qu’elle ne fût pas non plus femme à se donner.

« Mon existence était un supplice sans nom. Deblain n’était plus qu’un larron qui m’avait volé mon bonheur ! C’était pour moi que Rhéa avait été créée et non pour lui ! C’était à moi seul qu’elle devait être ! Je le prônais et le portais aux nues auprès de ses électeurs et, le trouvant si inférieur à moi en intelligence, au lieu de n’en vouloir qu’à moi-même du honteux et lâche marché que j’avais fait en me retirant pour lui céder la place, je ne m’en prenais qu’à lui, à lui qui allait m’enlever, dans le monde politique, la situation à l’aide de laquelle j’aurais su monter si haut que celle que j’aimais aurait été fière de se donner à moi.

« Que de fois j’ai franchi la porte qui sépare nos deux hôtels pour me glisser furtivement chez la terrible charmeresse, avec la volonté formelle d’obtenir par la violence ce qu’elle refusait à ma passion folle. Une nuit, que je savais Raymond à