Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/80

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les maris ou les amoureux sont gens influents, orateurs dans les réunions publiques.

La moindre préfecture a son champ de courses avec ses bookmakers, ses joueurs de bonneteau, ses pickpockets, ainsi que deux ou trois cercles où le baccara fait ses victimes plus rapidement encore qu’à Paris.

L’une des conséquences de cette décentralisation, dans le mauvais sens du mot, c’est que la vie de famille a disparu à peu près de partout. Si un statisticien se livrait à ce curieux travail, il trouverait certainement plus de femmes honnêtes dans le Marais ou tel autre quartier commerçant de Paris que dans maints chefs-lieux de cent mille âmes.

Mais si la province s’est ainsi modifiée, elle n’en a pas moins conservé deux vices qui lui sont propres : l’envie et la médisance. Elle a pris à Paris bon nombre de défauts et fort peu de qualités.

La petitesse d’esprit y est restée la même ; la véritable générosité y est trop souvent inconnue. On y est rempli de défiance et les nouveaux venus, que leurs fonctions ou leurs affaires y conduisent, sont l’objet de mille inimitiés secrètes et jalouses. On veut savoir d’où ils sortent, quel est leur passé, quelles sont leurs familles, et quand on ne parvient pas à avoir sur tous ces points des renseignements complets, indiscutables, on in-