Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/83

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un gendre selon ses croyances, elle tentait toujours, mais en vain, de ramener son neveu dans le sentier de la vertu et dans le giron de l’Église.

Non pas que M. Deblain fût un athée, ni même un voltairien et se posât en esprit fort ; il était certainement incapable, par éducation et en souvenir de sa mère, de jamais manquer de respect aux choses respectables ; mais il était indifférent, pratiquait peu ou point, et cela lui attirait fréquemment des admonestations de la sévère Mme  Dusortois.

— Tu as tort, ne cessait-elle de lui répéter chaque fois qu’elle en avait l’occasion ; on ne te voit jamais à l’église et tu ne pries guère sans doute.

Ce à quoi son neveu, poussé à bout et agacé, peut-être tout simplement parce qu’il sentait que sa parente avait un peu raison, lui répondit un jour, avec une gravité narquoise :

— C’est vrai, ma chère tante, c’est vrai, je suis un mécréant ! Eh ! ce n’est pas ma faute, on ne se refait pas aisément ! Mais, si vous le voulez, tout pourra s’arranger : vous irez à l’église et prierez pour moi, et moi, je donnerai pour vous. De cette manière, Dieu, dans sa bonté, et les pauvres, dans leur misère, seront également satisfaits.

Cette riposte, qui tombait si juste, s’était répétée dans la ville ; cela avait jeté un froid entre la tante et le neveu, et la bonne dame n’était plus