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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/123

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attentivement ce que lui disait l’Hindou, émissaire évidemment de la belle bayadère, lequel, la main étendue vers la pagode, lui donnait à voix basse des explications accompagnées de gestes.

Je n’entendais pas, d’où j’étais, ce dont il était question, mais je vis Canon laisser tomber une roupie dans la main du houkabadar, et je surpris sa réponse à une dernière recommandation que lui faisait, en s’éloignant, son mercure indien.

Juld jake ; myn hoon hat’ha sat’h tubunchu mera, avait-il dit, en me faisant signe de mettre, ainsi que lui, pied à terre.

Je savais assez d’indoustani pour traduire ces quelques mots par : « Ne crains rien, j’ai sur moi des pistolets chargés ».

Nous avions, ou plutôt sir John avait donc un danger à courir, puisque l’envoyé de la bayadère lui demandait s’il était armé ! Toutes ces précautions me faisaient supposer que les amours de l’Indienne et du contrebandier d’opium pourraient bien tourner au dramatique, surtout si mes yeux ne m’avaient pas trompé quand, à plusieurs reprises, il leur avait semblé reconnaître au milieu de la foule, mais cherchant à se cacher, le rival de Canon, le Malabar de Tanjore, l’amant malheureux de la folle fille de l’Inde.

Je me faisais la promesse de ne perdre de vue mon ami que le moins possible et de surveiller activement ses amours indiennes, lorsqu’il me prit le bras