Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/145

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longue boîte, qui me balançait comme l’eût fait une embarcation sur la lame, et je fis machinalement glisser un des rideaux de mon palkee.

Je me souvins alors. Près de moi couraient toujours les bahîs. Je passai la tête à la portière, — si je puis m’exprimer ainsi ; le palanquin de sir Canon et celui de la bayadère précédaient toujours le mien ; devant nous, à l’extrémité de la route poudreuse de laquelle nos porteurs soulevaient des flots de poussière, se dessinaient déjà les dômes de la grande pagode de Tritchinapaly.

Nous avions fait près de dix lieues pendant la nuit.

Pour remplir mon rôle d’arrière-garde, je jetai les yeux derrière moi. Le long ruban gris de la route de Tanjore se déroulait jusqu’à l’horizon parfaitement libre, taché çà et là seulement, fort loin de nous, par quelques troupeaux de bœufs, ou par quelques pèlerins qui, comme nous, avaient voyagé de nuit.

La matinée promettait d’être si belle et j’étais si fatigué de la position horizontale que je venais de garder toute une nuit sur ce lit de palanquin, si nouveau pour moi, que je sautai à terre pour me dégourdir les jambes. Nos bahîs harassés ne trottaient plus que doucement, je pouvais facilement les suivre en marchant. Je pressai le pas pour rejoindre le palanquin de sir John. En passant auprès de celui de la bayadère, je m’aperçus qu’il était soi-