Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/155

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Lorsque le soleil commença à descendre sur l’horizon, nous continuâmes notre course vers le nord. Le palkee de la bayadère était toujours entre les nôtres, mais la pauvre enfant était toute triste. Malgré nos questions, ni sir John, ni moi, nous ne pûmes découvrir la cause de son chagrin. Était-ce un sombre pressentiment qui s’était emparé d’elle ? Nous l’aperçûmes, une heure après notre départ, pleurant et s’efforçant de nous cacher ses larmes. Rien ne put la consoler. Comme chez certaines femmes nerveuses les pleurs sont le meilleur des calmants, je conseillai à mon ami de la laisser reposer. Faisant fermer alors les volets de son palkee, nous lui fîmes prendre une des ailes de notre petite caravane, afin que notre conversation ne pût troubler son sommeil.

J’avais bien auguré du tempérament et des dispositions de notre compagne de voyage : le soir même, lorsque nous arrivâmes à cinq milles de Wodiarpaliam, à la porte d’un bungalo[1] où nous devions passer la nuit, la jeune fille avait repris toute sa gaité et retrouvé ses plus gracieux sourires.

Le bungalo était parfaitement sans voyageurs. Le vieux cipaye qui en était le gardien nous ouvrit

  1. La compagnie des Indes, à défaut des hôtelleries qu’on ne rencontre presque jamais, a fait construire sur les routes les plus fréquentées, à proximité des villes importantes, ces bungalos, où les voyageurs européens trouvent, non-seulement un abri convenable, mais parfois aussi presque tout le confort d’un hôtel.