Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/164

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battaient avec impatience les nattes qui tapissaient le sol. Il ne fallut rien moins que la crainte qu’elle avait d’être vue pour l’empêcher d’aller se livrer, sous les massifs d’amandiers, à sa danse si voluptueuse.

Sir John resta auprès d’elle, mais moi, que rien ne retenait, j’allai me joindre à la foule des bahîs et des domestiques enchantés de ce concert improvisé.

Je laissai ainsi venir la nuit, sans avoir aperçu une seule fois notre compagnon de route, qui, plus blasé que moi sur le mérite de ses musiciens, reposait déjà sans doute.

La musique envoya enfin ses derniers accords aux échos du Panoor, et chacun se prépara au sommeil. Je vis les porteurs du marchand s’envelopper dans leurs grandes pièces de mousseline, puis s’étendre autour de la tente de leurs maîtres. Je me retournai vers nos gens : ils formaient comme un large ruban blanc de défense autour de notre demeure, et nos chiens dormaient dans des poses de sphynx.

Tout me disait que l’heure du repos était venue.

Je jetai un dernier regard vers le camp de nos voisins. Pas la moindre lumière ne sortait de leur tente ; les chevaux seuls et l’éléphant remuaient dans les hautes herbes ; tout semblait endormi.

Je rentrai alors en passant par dessus Roumi et le houkabadar qui partageaient la même natte. Sans adresser la parole à Canon, qui déjà reposait, non