Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/168

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en me laissant retomber de tout mon long sur mon palanquin.

Il continua sa course en rampant. Sans qu’un des rotins des nattes ait rendu le moindre son sur son passage, il fut bientôt auprès de moi, caché par les tentures.

— Qu’y-a-t-il donc ? dis-je, en lui prenant une main qui était glacée.

Il mit un doigt sur ses lèvres, puis, après un moment de silence pendant lequel il écouta si rien n’avait trahi son passage dans la tente et pendant lequel je pus entendre battre nos deux cœurs :

— Les thugs, murmura-t-il, à voix basse, les thugs !

Un frisson me parcourut tout le corps ; je restai quelques instants sans comprendre ; puis la lumière se fit dans mon esprit.

— Comment les thugs ? demandai-je.

— Oui, les thugs, maître, les étrangleurs ! Ils sont là, autour de nous.

— Mais alors, Goolab-Soohbee a été leur première victime ! Et sir John ?

— Le houkabadar est dans ce moment même auprès du maître, il s’est chargé de le prévenir ; mais ne craignez rien pour la bayadère, les lois de Kâli défendent à ses serviteurs de porter la main sur une danseuse. C’est à nous seuls qu’ils en veulent.