Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/182

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Les bahîs, ainsi que l’avait prévu Canon, s’étaient enfuis dès qu’ils avaient reconnu les thugs. Les visages épouvantés de quelques massalchis se reconnaissaient seuls dans la masse des étrangleurs.

— À moi ! à moi ! s’écria Canon, dès qu’il nous aperçut ; chargez-moi ces canailles-là.

Cinq ou six des misérables me firent face aussitôt, cela si brusquement que je fus obligé de rompre. Un des thugs venait de m’ouvrir la cuisse avec son poignard, je sentais mon sang couler abondamment. Comprenant que si je faiblissais un instant nous étions perdus, ceux qui firent un pas de plus vers moi trouvèrent à la hauteur de leurs poitrines mon revolver, qui deux fois envoya la mort dans leurs rangs. Pendant ce temps, le houkabadar, fendant la toile de la tente s’était glissé jusqu’à mon palanquin et m’en avait rapporté ma carabine. Il n’avait pas oublié de s’armer d’un large sabre d’abordage. En deux bonds, franchissant nos ennemis, il se précipita vers le palkee de sa maîtresse, prêt à mourir en la défendant.

Les assassins étaient ainsi entre deux feux. Ils faisaient face à sir John et à son domestique ; je les chargeais, moi, par derrière. Le peu d’étendue du terrain, nous donnait un réel avantage sur eux. Pressés les uns contre les autres, ils n’étaient pas libres de leurs mouvements, tandis que mon compagnon, à l’abri derrière son palanquin, pouvait