Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/21

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première fois en 1781, tira son nom de la célèbre pagode de Trincome, qui jadis était un saint lieu de pèlerinage, mais dont on ne retrouve aujourd’hui que les ruines. Elle ne resta pas longtemps la capitale des possessions de la Compagnie à Ceylan, elle ne vient maintenant qu’en seconde ligne, et est fort laide et fort sale.

En descendant à terre sous les canons des forts nombreux qui gardent la rade, car Trinquemale est resté la première position militaire de la côte est de l’Inde, nous nous trouvâmes au milieu de rues petites, étroites et malpropres, où nous ne rencontrâmes guère que des cipayes, ces soldats esclaves de la Compagnie, avec leurs coiffures blanches, leurs habits militaires et leurs pieds nus, et des Malabars qui forment la plus grande partie de la population, peut-être vingt mille habitants.

Nous nous engouffrâmes bravement dans ce tortueux dédale, et, à travers cette foule d’Indiens de toutes les castes, s’apostrophant en tamoul, en kanarin, en mahratte, en guzarati, en une foule d’idiomes enfin dont je ne comprenais pas le premier mot, nous arrivâmes, mais non sans peine, auprès du palais du gouverneur, non loin duquel nous fîmes notre entrée à « l’Hôtel du roi », King’s hotel.

Comme tous les marins qui débarquent d’une longue traversée, Canon et moi, nous étions pressés de faire, plutôt un mauvais dîner à terre qu’un très-confortable repas à bord.