Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/26

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donné, se serait élancé par dessus le bastingage, si mon domestique l’avait lâché un instant.

Malgré notre impatience, nous ne pûmes toutefois quitter la rade que le lendemain matin ; ce que nous fîmes avant le lever du soleil, afin d’employer de notre mieux cette première journée. Nous ne pouvions espérer faire une longue route chaque jour ; nous devions nous attendre à des relâches forcés pendant les grandes chaleurs, et comme aucun de nous, sauf un pilote malais dans lequel nous n’avions qu’une confiance très-limitée, ne connaissait le cours du fleuve que nous allions remonter, nous comptions mouiller chaque nuit et camper sur les rives du Mohaville. L’embarcation que nous avait confiée Wilson était une des meilleures de son bord, mais elle ne pouvait armer que huit avirons, et, Canon et moi, savions par nous-mêmes combien est terrible l’exercice de la nage. Nos hommes cependant étaient en si bonnes dispositions qu’avant le lever du soleil nous donnâmes dans l’embouchure du fleuve.

De onze heures à deux heures, nous laissâmes reposer nos lascars sous l’ombrage des tamariniers qui, à une dizaine de lieues dans l’intérieur, forment au Mohaville-Gange un ravissant rideau, et, le soir du même jour, nous nous arrêtâmes à une portée de fusil des ruines de la bourgade et du temple de Dastote, un peu au-dessus de la réunion des trois bras du fleuve.

Les deux bords du Mohaville présentaient, à l’endroit