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Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/27

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où nous nous trouvions, deux aspects différents. La rive gauche était garnie d’une forêt inextricable dont les géants laissaient tomber jusqu’au milieu des eaux leurs ombres épaisses ; la rive droite, au contraire, nous offrait une étendue immense de plaines que nous fûmes bien étonnés, le lendemain au jour, de voir sans culture. Notre pilote nous expliqua que les fièvres avaient décimé la population de Dastote et que, depuis plusieurs mois déjà, la bourgade était abandonnée. Le temple, lui-même, dédié à Bouddah, et qui avait été jadis un lieu vénéré, tombait en ruines. Le prêtre avait transporté les statues du dieu à Candy.

Il nous sembla effectivement en un si triste état, que nous pensâmes devoir attendre une meilleure occasion pour faire une première exploration dans la religion des Chingulais. Nous passâmes notre première nuit à bord, non pas sans être réveillés plus d’une fois par les aboiements des buffles et par les cris des léopards, auxquels, en les excitant encore, répondaient les hurlements furieux de nos chiens.

En quittant Dastote, le Mohaville-Gange, ou pour me servir de la dénomination indienne, le Mahaveliganga, ne traverse plus que des jungles. Je ne saurais exprimer l’impression que je ressentis lorsque, pour la première fois, je me trouvai au milieu d’un de ces lieux pour la description desquels il faudrait la plume de Méry, le poétique chantre du Mysore.