Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/276

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le déduire certains auteurs, mais bien qu’il est venu de l’extrême Orient en France par l’Italie, tout comme une foule d’autres fort vilaines choses dont nous nous serions bien passés.

Ces cartes dont se servaient nos deux asiatiques différaient cependant un peu, en les regardant de plus près, de celles que Jacquemin Gringonneur avait peintes en or et de diverses couleurs pour l’esbattement du seigneur roi, moyennant cinquante-six sols parisis, ce qui me parait un prix des plus modiques pour trois jeux. Les vertus, les muses, les sciences n’y étaient pas reproduites avec des vêtements rehaussés d’or, non plus que le pape, l’ermite, le fou et le pendu de la danse Macabre. Tout cela était remplacé par des dragons verts, rouges ou bleus, faisant à ceux qui perdaient leur argent les plus effroyables grimaces, et par une foule d’autres emblèmes indéchiffrables pour moi.

Le Malais était le fils d’un riche adapali[1] de Sumatra : il me parut être un assez mauvais joueur, ne dissimulant en aucune façon sa colère et tout disposé à se venger de la mauvaise fortune sur un de ses voisins. Il avait en face de lui le plus flegmatique et le plus calme des adversaires, heureusement. Le Chinois ne rangeait pas moins tranquillement une demi douzaine de cartes, sur l’une desquelles le jeune homme plaçait son argent ; puis le banquier

  1. Nom que prennent les chefs des villages du sud de Sumatra.