Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/286

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der les Malais en leur donnant l’ordre de dételer, afin de continuer notre route avec un seul cheval puisque l’autre, malgré les coups et les cris, refusait de se relever.

Notre situation n’avait rien d’agréable. Le cocher ne voulait pas abandonner son cheval dont il était responsable devant son maître ; l’esclave auquel on l’avait proposé avait nettement refusé de rester ainsi seul, près de lui, au milieu de la nuit dans la forêt, prétendant, assez justement, qu’il n’y serait pas depuis un quart d’heure qu’il aurait à se défendre contre un tigre ou contre une panthère.

Les choses menaçaient de prendre une mauvaise tournure. Le contrebandier que j’avais rejoint, habitué qu’il était à voir ses volontés exécutées à la minute, tirait déjà, mais tout tranquillement et comme s’il eût fait la chose la plus naturelle du monde, un pistolet de sa ceinture, lorsque, fort à propos, le cheval abattu étendit les jambes, puis souleva doucement sa tête et la laissa retomber en poussant un gémissement qui devait être le dernier.

Rien ne s’opposait plus à son abandon. Le cocher, qui avait fait un bond en arrière en entendant les deux petits coups secs et accentués à intervalles égaux du revolver, se rapprocha en faisant des protestations de dévouement et d’obéissance. L’arme retourna tout doucement à sa place. Quelques minutes après, nous abandonnions derrière nous le cadavre de la pauvre bête qui allait servir de pâture