Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/287

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aux chacals, et nous reprenions la route de Batavia, en laissant marcher l’autre cheval au pas, afin d’éviter un second accident.

Inutile de vous dire, chers lecteurs, que je ne songeais pas à me rendormir. Nos torches ne jetaient plus que de faibles lueurs ; à chaque instant, il me semblait voir briller, dans les fourrés qui bordaient le chemin, les yeux jaunes des panthères que la lenteur de notre marche pouvait décider à nous attaquer. Mon brave compagnon lui-même n’était pas fort rassuré, malgré tout son mépris pour les hôtes des bois. Quant à nos hommes, ils mouraient de frayeur. Comme des enfants qui veulent chasser la peur, ils chantaient à tue-tête des refrains bizarres en se groupant le plus près qu’ils le pouvaient de la voiture.

Nous sortîmes enfin des passages dangereux. Lorsque nous rentrâmes à l’hôtel, enchantés de notre singulière excursion, l’aurore commençait déjà son œuvre de résurrection, sur les jardins flottants de la rade, et les forêts envoyaient jusqu’à nous les plus suaves de leurs parfums.