Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

petite table, où un karik du plus appétissant aspect étalait ses reflets jaunes, auprès d’une montagne de neige du meilleur riz de Java.

— La voilà ! Vous allez voir que, pendant un certain temps, je dois me garder des détroits de Bali et de Lombok. Il y a deux ans à peine que cela est arrivé, mais je suis certain que Moura-Singh s’en souvient comme si nous n’étions encore qu’au lendemain de sa mésaventure.

— C’est donc bien grave ?

— Oh ! pas le moins du monde, au contraire ! et j’en ris encore aujourd’hui.

Je lui fis signe que je ne demandais pas mieux que de partager son hilarité.

— Imaginez-vous, continua-t-il, qu’il nous arriva un beau jour sur la rade de Batavia un farceur de capitaine bordelais, qui n’avait pas voulu aller sur lest à Canton ainsi que tous ses confrères. Il s’était dit : les Anglais, afin de donner aux Chinois autre chose que de l’argent pour leurs soieries et leurs thés, leur portent de l’opium, moi qui ne puis charger ce précieux narcotique, que leur porterai-je bien ? Il chercha longtemps, puis il se décida pour un chargement d’ustensiles de toilette et de certains vases que vous nommez… que vous nommez. Aidez-moi un peu. Comment les nommez-vous donc ?

— Mais, repris-je, je ne sais de quoi vous voulez parler.

— Si fait, si fait ! des vases… vous appelez cela ?