Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/290

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— Faites faire les tentes alors ; voilà une jolie petite brise qui va nous faire doubler avant midi les bancs Armuiden ; je vais vous conter cela en déjeunant avec vous sur le pont.

Je venais de prendre le service à Morton qui était allé se reposer ; j’exécutai les ordres du commandant. Cinq minutes après, le maître d’hôtel nous servait le déjeuner sur une petite table que le roulis ne menaçait pas d’envoyer à la mer, grâce à la régularité du vent qui inclinait coquettement le Fire-Fly, et grâce aussi à une ingénieuse installation de Canon qui n’omettait jamais rien de confortable.

Les rideaux de la tente n’étaient levés qu’à l’arrière, afin que nous pussions surveiller la brise ; deux hommes sondaient de temps à autre à l’avant, pendant que le matelot de barre suivait les indications du vieux Spilt, qui connaissait ces parages comme la salle basse de l’Ancre-d’Or, où l’avait engagé son capitaine.

Nous dépassâmes rapidement ces Mille-Îles, qui semblent reposer seulement sur les vagues pour disparaître au premier moment, tant leurs rivages de sable sont peu élevés au-dessus des flots, et nous naviguions sur une mer si calme et si limpide que nous pouvions suivre, jusque sur son fond de coquillages, les courses des petits requins à marteau si nombreux dans ces parages.

— Voyons votre histoire ? dis-je à sir John lorsque nous fûmes convenablement installés devant notre