Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/294

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le détroit de Bali. Mon radjah, avec sa passion pour les Européens, n’eut rien de plus pressé, vous le comprenez bien, que de quitter son royal palais pour venir rendre sa visite au commodore de notre très-gracieuse Majesté. L’officier anglais reçut de son mieux le principicule malais, qui crut devoir rendre la politesse qui lui était faite en invitant les étrangers à un grand dîner. Les Anglais acceptèrent. Le repas fut précédé d’une chasse et d’une fête dans les jardins. Comme Moura-Singh avait de superbes éléphants, comme ses forêts étaient peuplées d’innombrables panthères noires, comme ses jardins étaient splendides, les Anglais furent enchantés de leur hôte. L’heure de se mettre à table arriva enfin, — vous savez ce que c’est qu’un appétit de chasseur, — chacun se précipita vers la varende parfumée qui servait de salle à manger. Des esclaves avec des sarongs éclatants en soulevaient les portières ; l’amphytrion avait revêtu ses plus magnifiques vêtements ; des fleurs ornaient, de la terre au plafond, la salle du festin, mais la malheureuse vaisselle brillait orgueilleusement sur la table du prince.

Il y avait longtemps que je ne retenais plus mon rire, lorsque mon gros ami arriva à ce dénouement attendu.

— Vous sentez, continua-t-il en riant lui-même de ce bon rire si sympathique qu’il possédait, quelle fut la stupéfaction des officiers anglais ; ils n’en voulaient pas croire leurs yeux. Moura-Singh prenait naïve-