Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/295

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ment leur étonnement pour de l’admiration. Il offrit gracieusement au commodore la place d’honneur à côté de lui, c’est-à-dire en face d’une gigantesque cuvette dorée, qui pouvait, après tout, ne renfermer que de très-bonnes choses, mais dont la forme était shocking. Tel officier avait devant lui un pot à eau, ou un plat à barbe… ou autre chose encore. Les boîtes à savon contenaient les hors-d’œuvre. Quant aux…

— Passez, passez !

— Je n’ai pas été suffisamment renseigné pour vous dire ce à quoi ils avaient été particulièrement employés. Les Anglais se montrèrent gens d’esprit. Comprenant qu’en fait de mystifié il n’y avait que leur hôte, ils se mirent bravement à table ; mais vous figurez-vous les envies de rire qui devaient prendre aux convives lorsque, gracieusement, le prince disait à l’un d’eux : « Votre honneur désire-t-elle de ce plat de volaille ? » en lui faisant présenter par un esclave une volaille, c’est vrai, mais servie dans tout autre ustensile que dans un plat.

— Comment avez-vous connu tous ces détails ?

— Le commodore, qui était un de mes bons amis, ne se doutant pas que je fusse, involontairement, pour quelque chose dans cette plaisanterie d’un goût un peu douteux, je dois l’avouer, et voulant reconnaître la gracieuseté du prince, se chargea de l’avertir du mauvais tour qui lui avait été joué. Inde iræ ! Le farceur gascon s’était présenté sur ma recommandation ;