Aller au contenu

Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et les épaules couvertes de grosses épaulettes d’or. La brise déferlant complètement le pavillon, je reconnus qu’il était français et que, de plus, le blanc en était orné d’une étoile.

Je fis immédiatement prévenir sir John et je donnai l’ordre de mettre quatre hommes sur le bord, croyant à la visite d’un amiral de ma nation. J’avais parfaitement oublié que la France n’était représentée à Singapour que par quelques navires marchands de Bordeaux ou du Havre, dont les capitaines, si bons marins qu’ils fussent, étaient loin d’être amiraux.

Le contrebandier grimpa bien vite sur le pont ; mais, à peine lui eus-je montré, en lui faisant part de mon appréciation, la pirogue qui allait accoster, qu’il éclata de rire, en poussant un cri de joie, et en se dirigeant vers la coupée pour recevoir l’illustre visiteur.

Je restai assez penaud et je me mis à examiner plus attentivement la pirogue. Le pavillon était bien français, en effet, mais ce n’était pas une étoile qui brillait dans la partie blanche, c’était un petit éléphant de la plus grotesque tournure. — Quant au personnage, caché qu’il était par les angles de son large chapeau galonné, je ne pouvais distinguer ses traits. Je reconnaissais parfaitement dans les matelots des marins Siamois.

L’étranger fut bientôt à bord. Il serra cordialement la main de sir John, et tous deux se dirigèrent vers moi qui étais resté à l’arrière.