Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/334

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— Eh bien ! me dit Canon, lorsqu’il eut reconnu que la pièce que je lui apportais était parfaitement en règle, que dites-vous de mon ami King-Ko ?

Pour toute réponse, car vraiment je ne pouvais pas dire trop de mal de celui qui venait de se conduire si gracieusement à mon égard, je tirai l’éventail de ma poche.

C’était un délicieux bijoux d’ivoire, fouillé d’une admirable façon. Chacune de ses faces représentait des scènes de la vie chinoise, sculptées en relief sur les lames, et cela avec tant d’adresse que, quoiqu’elles fussent découpées à jour, aucun sujet ne se confondait avec un autre. C’était vraiment d’une finesse d’exécution inouïe.

— Bravo ! reprit-il, je vois qu’il est toujours le même !

— Comment ! ce n’est donc pas par faveur spéciale qu’il m’a fait ce cadeau ? répliquai-je un peu désenchanté.

— Pas le moins du monde ! Descendons nous mettre à table ; je vais vous conter dans quels termes je suis avec King-Ko et pourquoi il vous a donné un éventail.

Je suivis le commandant du Fire-Fly dans la dunette, en me reprochant presque de n’avoir pas ri au nez du mandarin chinois, et de m’être donné tant de mal pour ne pas faire la grimace en fumant sa petite pipe de cuivre et en ingurgitant sa mauvaise tasse de thé sans sucre.