Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/336

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Le peu de tirant d’eau du Fire-Fly lui permettait de choisir à son gré entre les nombreuses passes que forment les six îles de la première barre. Il prit sagement le chemin le plus court. Côtoyant l’île des Danois, puis venant brusquement à l’ouest en louvoyant au milieu des bâtiments anglais à l’ancre, il vint bientôt mouiller en dedans de l’île de Whampoa, c’est-à-dire en face du village et par le travers de la rivière des Français.

La rade de Whampoa, cet avant-port de Canton, est bien une des plus curieuses choses qu’il soit possible de voir. Chaque nation y a son mouillage : les Anglais entre l’île de Whampoa et celle des Danois, les Français entre cette même île des Danois et celle qui porte leur nom. Les Américains mouillent, eux, le long de l’île Honan. Ce mouillage représente assez bien une croix, dont le plus long côté, en séparant les îles d’Honan et de Whampoa, se dirige vers Canton en faisant face à la branche la plus courte où mouillent les Français, et dont les deux bras s’étendent en travers du fleuve.

Il était trop tard pour que je songeasse le jour même à descendre à terre, je me contentai d’examiner la rade et l’aspect général de Whampoa.

Le long du rivage, sur une longueur de trois cents à quatre cents mètres au plus, s’élevaient sur pilotis et en bambous de malheureuses cases qui, à la haute mer, semblaient sortir de l’eau. Chacune d’elles avait, amarrée au pied d’une échelle qui descendait de