Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/338

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de lever l’ancre et de se laisser aller au courant.

Ces précautions sont si nécessaires, qu’il n’existe pas à Whampoa un seul établissement européen qui ne soit dans ces conditions de sauvegarde. Un étranger n’oserait passer la nuit à terre.

Certains petits bateaux que je voyais louvoyer à l’arrière du Fire-Fly, contribuaient encore à augmenter le pittoresque de l’aspect de la rade.

L’un d’eux se hasarda jusque sous notre couronnement où j’étais appuyé.

Je reconnus les sampanes, dont m’avait parlé mon ami et commandant depuis déjà longtemps comme d’une institution toute particulière à la Chine.

Ce sont de petites embarcations montées ordinairement par deux femmes seules. Lorsque j’aurai ajouté à ce premier renseignement que la moitié du bateau est recouvert d’un rouf soigneusement clos avec des tentures, et tapissé de nattes fines et de coussins ; lorsque, de plus, vous saurez que des deux femmes l’une est jeune et jolie, tandis que l’autre est laide et vieille, vous comprendrez facilement quel genre d’industrie exercent les matelots des sampanes sur la rade de Whampoa.

Ces pauvres filles, vendues le plus souvent à des misérables qui spéculent sur leur prostitution, sont parfois jolies et la finesse de leurs extrémités surtout est remarquable. Seulement, leurs immorales promenades sur le fleuve où, de navire en navire, elles