Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/341

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leurs portes aux acheteurs, les fournisseurs quittaient le rivage pour se rendre à bord, les postes-aux-choux[1] quittaient le bord pour se rendre au rivage. De larges radeaux chargés de canards, traversaient la rade pour transporter leurs bruyants passagers sur les îles voisines ; les bateaux des blanchisseuses envoyaient déjà aux échos des rives les refrains de leurs chansons et le bruit de leurs battoirs de pierre.

Je m’étais appuyé sur le garde-corps de tribord, et je résistais énergiquement aux œillades pleines de promesses que m’envoyait de son sampane une fort jolie fille baignant ses pieds nus dans les eaux du fleuve, pendant que ses petites mains avaient peine à relever ses longues tresses de cheveux noirs dénoués par le sommeil, lorsqu’une pression amicale sur mon épaule me fit me retourner.

Sir John et un singulier petit personnage étaient derrière moi.

— Mon cher lieutenant, me dit le contrebandier, je vous présente un de mes meilleurs amis en Chine : Fo-hop, le fournisseur habituel du Fire-Fly, et, de plus, mon homme d’affaires.

Le Chinois me tendit la main que je serrai quoiqu’elle eût six doigts parfaitement distincts, qui me firent supposer tout d’abord qu’en gérant les affaires

  1. Nom que l’on donne aux canots qui chaque matin vont aux provisions.