Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/352

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Si-Kiang. Chaque jour, nous faisions, aux environs du mouillage, de longues chasses aux faisans, aux canards et aux pluviers dorés.

L’unanimité avec laquelle nous étions mal reçus dans les villages était remarquable. Quoique nous ne fussions presque toujours accompagnés que de mon domestique ou de celui de Canon, les portes se fermaient à notre approche, les enfants fuyaient, les femmes se sauvaient, les chiens aboyaient, les hommes criaient. Si vous ajoutez à ces différentes façons d’exprimer la sympathie que notre vue faisait naître, les voix éclatantes des coqs, les cris rauques des paons, la note insupportable des canards barbotant dans les mares, les grognements des porcs si gras et si courts sur pattes qu’ils roulaient en courant, vous aurez l’idée du concert qui, sans exception, saluait notre passage sous chacun de ces petits arcs de triomphe, ces pay-léou que l’on rencontre à l’entrée des villages, espèce d’ex-voto élevés à la mémoire d’un empereur, d’un général ou d’un mandarin bienfaiteur de l’endroit.

Une de nos courses — dans les îles que forment la rade, nous conduisit un jour jusqu’au pied de la grande pagode de Whampoa. De la dunette du Fire-Fly, j’avais depuis longtemps admiré son toit brillant à travers les massifs de cocotiers, en me promettant de monter à l’étage supérieur pour jouir du délicieux coup-d’œil que devaient y offrir la rade et les rives du fleuve.