Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soin de nous tenir au large du fort Rouge et des batteries du camp de Howqua. Bientôt nous donnâmes dans le passage de Macao qui devait, ainsi que nous l’avait dit Fo-hop, nous faire gagner le mouillage de Whampoa en suivant le rivage de l’île Honan.

La navigation, dans ces mille bras du fleuve, est des plus difficiles et des plus dangereuses. Toute cette partie de la Chine est vraiment semblable à un grand lac parsemé d’îles ; à chaque instant, les embarcations rencontrent des barrages sur lesquels elles s’échouent lorsque les passes sont inconnues à ceux qui les dirigent. Nous n’avions pour guide que sir John qui, deux ou trois fois, il est vrai, avait suivi cette même route ; mais il y avait si longtemps, qu’il lui fallait tout son tact de marin consommé pour ne pas nous perdre dans les innombrables petits bras du fleuve, que nous rencontrions, pour ainsi dire, à chaque coup d’aviron.

M. Lauters donnait à sa jeune femme tous les soins dont elle avait besoin ; Canon et moi, nous remplacions de temps en temps nos rameurs. Le commandant du Fire-Fly était étrangement préoccupé ; un air de tristesse s’était répandue sur tout son visage ordinairement si gai. Sombre et taciturne, il interrogeait attentivement du regard les rives silencieuses, et encore dans le brouillard du matin.

— Je ne sais ce que j’ai, me dit-il tout à coup en se penchant hors de l’embarcation pour que notre compagne ne put entendre ses paroles, j’ai fait un