Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/425

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— Oh ! tu ne m’échapperas pas cette fois, misérable ! s’écria sir John en s’élançant vers son assassin, et en le menaçant de la formidable masse que brandissait son bras.

Un éclat de rire de démon lui répondit.

Le flot, en montant, avait envahi une partie de la plate-forme de sable ; une crevasse profonde et large, infranchissable dans l’obscurité, nous séparait des Indiens, et le Malabar, la main armée d’un long poignard malais, se préparait à fondre sur son ennemi s’il eût tenté de la franchir.

— Malédiction ! dit le commandant du Fire-Fly en se retournant vers moi et en laissant tomber avec découragement son arme à ses pieds, la mer même est contre nous. Qu’ai-je donc fait au ciel ?

Tout à coup une lueur rouge et brillante éclaira l’horizon où nous n’avions cessé d’entendre des coups de feu. Le contrebandier poussa un gémissement de rage : la flamme découpait, au milieu des ténèbres épaisses qui entouraient l’île Green, la mâture du Fire-Fly qu’elle dévorait.

Le Malabar laissa échapper un cri de joie sauvage.

— Mon rêve, mon rêve ! murmurait sir John à demi fou de désespoir et se couvrant le visage de ses deux mains.

Madame Lauters s’était brusquement levée à un jet de flamme qui l’avait frappée au visage. Les yeux hagards, elle suivait toute joyeuse les progrès de l’élément destructeur en étendant sa main pâle et